Parapente épisode 1: Le dernier jour d'une condamnée

12 juillet 2009

Parapente épisode 1: Le dernier jour d'une condamnée

« La porte du tombeau ne s'ouvre pas en dedans. »

Le dernier jour d’un condamné (Victor Hugo)

Pour résumer ce qui m’amène à cette fameuse journée : Le 5 juin dernier, à l’occasion de mes 20 ans, mes très chères amies, les bien nommées et bien aimées Marie, Emilie, Violaine et Audrey, ont décidé de m’offrir une Happy Box sport en PACA. Pour ceux qui me connaissent, je précise que lorsque j’ai ouvert le paquet, j’ai d’abord cru que j’avais affaire à un jeu vidéo. Mais l’enthousiasme, la joie et la reconnaissance ont vite pris le pas sur la surprise. Ah ! merci ! vous savez exactement ce qu’il me faut, je vous aiiiiiiiiiimeuh !

Après avoir hésiter entre canoning et parapente, je vous laisse deviner (mais si, lecteur, tu es doué) ce que j’ai choisi.

Voici donc le récit de ma journée sport extrême, façon « comment mes amies ont tenté de me tuer ».

Jour J : 11 juillet 2009

6H45 : lever. Je me demande brièvement ce qui m’a pris d’accepter cet horaire à la con, à savoir 9H30 pour la séance, et ainsi deux heures de route pour y parvenir.

7H00 : devant mon bol. J’ai la bouche pâteuse, mais mon appréhension naissante ne m’empêche pas de manger de bon appétit (étonnant, non ?). Je me délecte de pain et chocolat, ayant choisi ce que je préfère au cas où ce serait mon dernier petit déjeuner. Ma mère hystérique (pléonasme) fait irruption dans la cuisine en brandissant une veste polaire. « Tu auras besoin de ça » me dit-elle d’une voix tremblante. J’ai l’impression qu’elle stresse plus que moi. Mais ce n’est pas le moment de se moquer d’elle. Une polaire ??? Mais il fait 35° ! un sweat suffira largement ! je tins tête, mais consentit à changer de pantalon. C’est vrai que j’avais opté pour un pantalon blanc. Pour un crash dans l’herbe on fait mieux.

7H15 : devant ma glace. Non Hélène tu n’as pas peur. Mais pourquoi est ce que tu as choisi ça, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? je me rends dans ma chambre, munis mes pauvres petits petons de chaussettes et entrepris d’enfiler mes chaussures de sport. Une tête s’aventura par l’entrebâillement de la porte, ma mère. « prends tes papiers, ça pourra être utile non ? ». Pourquoi ? au cas où on corps n’est pas reconnaissable à l’issue du crash ?

7H23 : devant mon bureau, où trône mon portable. « ON VA ETRE EN RETARD !!! » se mettent à crier ma mère, puis mon père. Oui, oui, ça va. Bon, je ne le prends pas. Comme ça je ne serai pas tentée d’envoyer un message d’adieu à tous ceux que j’aime, ni un message de haine à celles qui ont comploté contre moi. Je le savais, elles voulaient me tuer !

7H35 : dans la voiture. Je passe un coup de fil à Monsieur Pierre, qui est censé me faire voler. Ah ! il y a trop de vent pour l’instant, mais vous pouvez toujours venir, ça se sera peut-être calmé d’ici là. OK, on y va. Pourquoi remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même ? c’est aujourd’hui que je dois mourir, et j’ai pas besoin de test débile sur facebook pour le savoir !

8H15 : le nez collé à la vitre, je contemple les magnifiques paysages. Le plateau de Valensole, le rocher de Castellane, les vallées, les forêts et j’en passe. Tout a une beauté supérieure lorsqu’on a peur.

9H30 : arrivée devant le moniteur. Non, décidément ce n’est pas possible. Le vent étant à 50 km.h-1 au sommet du mont Lachens, les vols de la matinée sont annulés. Rappelez pour cet après midi.

10H : au pied de Saint Auban, point de départ de la balade choisie par mon père pour la journée. Des primevères, des fraises des bois que je goûte pour la première fois, les traces de passage d’un chevreuil, l’ombre rassurante des arbres, la porte de Tracastel. J’en oublie la raison de notre présence si loin de notre nid. Elle est pas belle la vie ?

14H14 : « Oh ! y a quelqu’un qui pense à moi » (pardon pour ceux qui comprennent pas l’allusion). Je repasse un coup de fil à ce cher Pierre. « On est au sommet, rejoignez nous ! ».

Je savais que ma fin était aujourd’hui. Je le savais.