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ln-is-sterdam
15 janvier 2010

Janvier: le mois figé, le mois givré

Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère, - Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, - Et, comme le soleil dans son enfer polaire, - Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

Charles Beaudelaire (Les Fleurs du Mal)

Amsterdam était devenue peu à peu une routine. Mais janvier avait apporté son lot de surprises. La ville m'accueillit fraîchement à mon retour, et je me rendis compte que pour elle je resterai une étrangère. Changeante, parfois menaçante, elle vous enfermait dans sa toile mais semblait vouloir vous rejeter de temps à autre. Et vous, comme une proie ensorcelée, vous vous accrochiez à vos liens.

J'avais réussi à me perdre un dimanche soir, à pied, et ce à 1 kilomètre à peine de chez moi. Mais à Amsterdam on perd facilement le sens de l'orientation et le chemin de la maison. Frigorifiée, j'y suis parvenue, après une heure de déroute et de raccourcis douteux mal indiqués par les seuls passants présents à cette heure tardive.

Mon vélo, après 4 mois de vie commune sans histoires, avait décidé de me lâcher. Définitivement ou non? c'est le réparateur qui aurait le dernier mot. Mais le gel avait eu raison de la chaîne, et il fallut songer à emprunter un type de transport qui ne déraillait pas.

Je m'étais cassé la gueule, marquant ma solidarité à l'égard mes collègues, sur la patinoire qu'offrait trottoirs, routes et pistes cyclables, où ni la glace ni la neige ne voulaient fondre.

Mais loin de me décourager, j'affrontais le froid chaque minute avec enthousiasme. M'adaptant à l'ambiance et oubliant le Soleil du sud et des cigales, j'avais décidé de faire de ce pays du froid le mien, du moins temporairement.

J'avais lu, depuis le mois d'octobre, de la littérature glaciale, de Crimes et Châtiments de Dostoievski à Millenium. Où l'impression que l'air expiré forme une fumée blanchâtre dès qu'on tourne une page. J'avais remonté mon écharpe jusqu'à mon nez, évitant ainsi d'avoir mal en respirant.

Il fallait faire attention où on posait les pieds et ralentir l'allure, pour ne pas glisser. Vivre au ralenti pour suivre la nuit et la fatigue engourdie de ses muscles. Soit!

En contrepartie je profitais de la vision rare d'une Amsterdam figée, où les canards et mouettes appréhendaient chaque pas palmé sur les canaux craquelés. Je profitais des lumières réconfortantes et contrastant avec la blancheur des sols et du ciel et le gris des murs. Comme si la période de Noël se prolongeait devant des yeux émerveillés.

J'adoptais alors une autre routine, grugeant le chauffeur de bus et annonçant un arrêt de bus plus proche que la destination réelle, afin d'économiser un cran de mon ticket de transport. Et je m'asseyais un peu plus au fond, le nez dans un livre, et les yeux furetant discrètement pour observer les gens et surveiller le manège du chauffeur. Je remarquais au milieu du premier trajet qu'il avait un air de Russel Crowe. En plus mince mais en moins charmant. Souriant, il administrait un "Goede Morgen" à chaque passager.

Mais tout dans son salut me semblait glacial. Comme s'il comptait les réponses polies et établissait une analyse par catégorie et par âge pour distinguer les rustres des respectueux. Comme une provocation. Mais peut-être était ce moi qui avais un esprit givré...

Amsterdam glacée, je t'aime encore

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Commentaires
D
Aie, à t'entendre, soit la routine s'est installée (comme il va de soit après plus de 4 mois de stage...) soit tu as du mal à te faire au froid. A vrai dire, je comprendrais les deux. Enfin surtout la seconde option étant aussi un gars du sud et qui a - et aura - du mal à s'adapter dans un tel pays. Ce ne sont pas mes racines germaniques qui vont me faire retourner au pôle nord, pardon, en boshland... <br /> Mais si tu arrives à tirer toutes les bonnes choses de cette ville, c'est l'essentiel et cela te permet de faire abstraction de ses petits inconvénients... Rassure, toi, nul lieu n'est parfait, je peux te le témoigner directement! Mais il faut savoir en tirer le meilleur partie, et c'est ce que tu fais d'ailleurs... <br /> <br /> Bon courage pour ces deux... euh... quatre... euh... six mois à venir ^^
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